avoir des idées

De nombreux actes graphiques désespérés (notamment l’usage des dégradés, des ombres portées et des transparences) sont principalement dus au manque d’une idée forte.
Une bonne idée guide le travail et fournit un cadre aux décisions créatives.



Ellen Lupton
Spécialiste du design,

rythme, image et son

Pour Niklaus Troxler, il existe des similitudes entre la musique et les arts visuels, que ce soit dans les contrastes, les structures, les sons et les rythmes. Un sujet qu’il connaît particulièrement bien puisqu’il est le directeur du Festival de Jazz de Wilisau, dans le centre de la suisse, qu’il a lui même fondé en 1975.

Depuis cette époque, il réalise les affiches de son festival, qui devient l’occasion d’expérimentations graphiques.
Que ce soit par l’illustration, la typographie ou des formes abstraites, la musicalité de son travail est évidente.

Le noir et blanc fait référence aux touches d’un piano et la couleur aux tonalités de la musique.
Mais ce qui est omniprésent dans ses affiches, c’est cette question de rythme, que ce soit par la gestion de l’espace entre chaque élément, leur superposition, les verticales,
les diagonales ou encore les silences.

La question de la retranscription de la musique en image est très présente au 20e siècle, que ce soit avec le symbolisme (kupka, goethe), le cubisme ou le surréalisme. Niklaus Troxler apporte sa propre réponse à travers le design graphique, prouvant que l’affiche ne communique pas seulement de l’information, mais peut aussi communiquer une émotion.




Niklaus Toxler, Uri Caine.
Affiche, 2004,
Philharmonie Essen

utiliser la ponctuation

L’histoire occidentale remonte à la Grèce Antique qui utilisait un système de seulement trois points : le point haut (fin de phrase), le point médiant (longue pause) et le point de base (courte pause). Ils étaient alors utilisés pour organiser un récit oral.

En effet, ils se diférencient des autres signes par l’abscence de prononciation et apparaissent comme des silences ou des tons dans la partition qu’est le texte.

De manière générale, les signes simples ne sont pas précédés d’une espace alors que les signes doubles sont précédé d’une espace fine.
À noter que chez les anglo-saxons, il n’y a pas d’espace avant les signes doubles.

Les signes pausaux :
Le point (.), marque la fin d’une phrase.
Le point-virgule (;), marque une pause moyenne, précédé d’une espace fine.
La virgule (,), marque une faible pause.

Les signes mélodiques :
Le point d’interrogration (?), précédé d’une espace fine.
Le point d’exclamation (!), précédé d’une espace fine.
Les points de suspension (…), il s’agit d’un signe bien particulier et non pas d’une succession de trois points.
Le deux-points (:), précédé d’une espace ou éventuellement d’une espace fine.
Les tirets marquent une pause moyenne, ils mesurent soit un demi-cadratin (–) ou un cadratin (—).
Il ne faut pas le confondre avec le trais d’union entre deux mots. Il est précédé et suivi d’une espace fine.
Les guillemets français ouvrant («) et fermant (»), séparés du mot concerné par une espace fine.

_ Puisque les espaces fines ne sont pas acceptés par les navigateurs web, je n'ai pas pu les placer comme il fallait... Et excusez moi pour la lubruicité de certains smiley (o)(o) ; les geeks comprendront...

célébrité et reconnaissance

Pour la plupart des gens, une typographie parfaite n’offre pas d’attraits esthétiques particuliers.
[...]
La conscience de servir anonymement et sans attendre de reconnaissance particulière, des œuvres de valeur et un petit nombre d’hommes optiquement réceptifs, est la seule récompense que reçoit le typographe pour son long apprentissage jamais achevé.



Jan Tschichold
Typographe

gérer les approches



L’approche définit l’espace entre deux lettres d’un mot, obtenu par l’addition des espaces minimaux, situés aux deux extrémités de la chasse de la lettre. Bien que ces espaces, qui définissent l’espace vital de la lettre, sont définit par le typographe lors de la création du caractère, il peut être utile dans certains cas de les ajuster.

L’espace vital d’une lettre est en partie défini par ses contreformes. En générale, plus les contreformes seront généreuses et plus l’interlignage pourra être fort. Inversement, un caractère avec des contreformes réduites peut nécessiter un rapprochement.

La juxtaposition de certaines lettres, comme les capitales ou certaines lettres dans un corps important, peuvent nécessiter un ajustement. Il sera préférable d’ajuster manuellement les approches pour obtenir une répartition homogène des espaces.

Toutefois, ces manipulations peuvent s’avérer assez délicates et nécessitent une bonne connaissance typographique. Il est donc préférable de choisir des polices de bonne facture et de réduire le moins possible d’interlettrage. En effet, un interlettrage trop faible peut nuire à la lisibilité.

sacerdoce typographique

La typo est un art difficile.
Ça demande trop de temps.
Il faut être un peu cinglé pour faire ce métier.
J’ai délaissé femmes et enfants.
Quand on est lié à son art, c’est comme un sacerdoce. Comme un curé.
La typo c’était ma religion.



Albert Botton
Typographe.

l'illisibilité comme vecteur de hierarchie

Pour communiquer sur un événement, la question de la lisibilité de l’information semble évidente.
Un lieu, une date, un artiste, sont tant d’informations essentielles à transmettre au public. Mais comment garantir cette lisibilité ?

L’Atelier de création graphique y répond et détourne la question en affirmant que toutes les informations ne sont pas également essentielles. Avec la dernière charte graphique du Centre Pompidou, Pierre Bernard met en place un système en partie basé sur l’illisibilité des informations secondaires pour mieux canaliser le regard sur l’essentiel : l’artiste.

L’ensemble de la charte utilise une DIN dans différentes graisses et corps.
Le nom de l’artiste est écrit en capitale avec une graisse et un corps assez important, alors que les dates sont inscrites dans un corps proportionnellement faible et tracé au contour.

Il en résulte un gros contraste, favorisant la lecture du nom plutôt que des dates, qui seront lues dans un second temps.

L’atelier de création graphique propose avec cette charte graphique une définition très particulière des niveaux de lecture. L’illisibilité apparaît ici comme un vecteur de la lisibilité grâce à une approche en plusieurs temps de la hiérarchie de l’information.



Atelier de création graphique - Pierre Bernard, Centre Pompidou.
Charte graphique, 1996,
Centre pompidou

poésie et sensation

La peinture est une poésie qui se voit au lieu de se sentir et la poésie est une peinture qui se sent au lieu de se voir.


Leonard de Vinci
Extrait du traité de la peinture,
Ed. Berger Levrault, 1987, 365 p.

choisir ces guillemets

Le guillemet était utilisé au Moyen-âge pour identifier un mot à l’orthographe ou au sens douteux. Il ressemblait alors à une virgule (lat. Virgulae «petite vèrge») qui encadrait le mot.

Depuis cette époque, les guillemets ont évolué différemment dans chaque pays.
Ainsi, il existe une multitude de guillemets et d’utilisations, qu’il faut bien évidement connaître et ne pas confondre.

Guillemets français de premier niveau (« ») et de second (“ ”)
Sauf en Suisse où le guillemet anglais est utilisé.

Guillemets anglais de premier niveau (‘ ’) et de second (“ ”)

Guillemets US de premier niveau (“ ”) et de second (‘ ’)

Guillemets portugais de premier niveau (“ ”) et de second (‘ ’)

Guillemets espagnols de premier niveau (« ») et de second (‘ ’)
Écrits sans espaces entre le guillemet et le mot («España»).

Guillemets allemands de premier niveau (» «) et de second („ “)
Utilisés dans tous les pays germanophones.

Guillemets suédois de premier niveau (” ”)
Utilisés également en Finlande.

Guillemets russes de premier niveau (« ») et de second („ “)
Utilisés dans tous les pays de langue slave.

laisser de la place au vide

Si les formes, les rythmes et les volumes sont importants dans la composition, il reste un élément primordial mais parfois négligé : le vide.

Josef Müller Brockmann lui offre d’ailleurs une place de choix dans ses réalisations. Ce graphiste majeur du style suisse à développé une vocabulaire dépouillé basé sur la symétrie,
la typographie sans-serif et une utilisation rigoureuse de la grille.

C’est justement cette dernière qui lui à permis de composer des affiches très rythmées et structurées, marquées par une gestion particulière du vide. Il est ici considèré comme élément essentiel et participe en grande partie à l’équilibre des masses. Il soutient les volumes et guide les tensions. Ce rapport se retrouve également dans les marges et les bords.

Cette approche très abstraite du vide à une part importante de musicalité. Josef Müller Brockmann réalisera justement de nombreuses affiches de concerts, notamment pour la Tonhalle de Zurich.



Josef Müller Brockmann, helmhaus zürich.
Affiche, 1953.

savoir faire et demonstration

La sobriété est la marque de la qualité, le débutant veut toujours en faire trop, il veut toujours montrer ce qu’il sait ou croit savoir.


Maximilien Vox
Typographe, theoritien et historien de la typographie.

unités de mesure



Le point Didot, créé par Firmin Didot est un point typographique qui vaut 1/864 pied du roi, soit 0,3759 mm.
Sa valeur n’est pas tout à fait fixée. Traditionnellement, l’imprimerie européenne lui donne 0,376 065 mm alors que Jan Tschichold le fixait à 0,375 940 mm (soit 266 points par 100 mm).
À noter que l’Imprimerie Nationale a créé un nouveau point de 0,4 mm, sans parvenir à réellement l’imposer.

Le point cicéro vaut douze points Didot (il est donc également appelé un « douze »).

Le «inch» ou pouce est la valeur de base utilisée dans les pays anglo-saxon. Il vaut 2,54 cm exactement (1/12e de Pied).

Le point Pica est une subdivision en 72 parties du pouce. Il vaut donc 0,351 mm et douze points pica font un pica.

Le millimètre, bien qu’il s’agisse de l’unité de mesure qui assurerait la plus grande compréhension, n’est pas beaucoup utilisé en typographie.

oublier la grille

La grille est l’élément de base qui régie l’élaboration et la construction de toute composition graphique, que ce soit une affiche, une mise en page ou une typo.

Mais cette grille peut avoir tendance à enfermer et limiter la création. David Carson, le célèbre surfeur designer américain, ne semble plus se soucier de ce petit détail.

Il mélange les typos dans un même mot, mélange les graisses et les corps, superpose les phrases jusqu’à l’illisibilité.

Mais de ce chaos nait une certaine harmonie.

Son approche de la mise en page se situe davantage dans un rapport plastique que technique.
En effet, il est possible de rapprocher son passé de surfeur et sa pratique du design, faite d’équilibre et de maîtrise des éléments.

David Carson surf sur une grille imaginaire, mélange les interlignages, de vagues de typographie
et de tensions. Il garde en permance le contrôle sur ces éléments déstructurées.

Il nous apprend, non pas à supprimer définitivement la grille, mais à parfois l’oublier pour laisser place à plus de spontanéité et créer des espaces sensibles, moins rigides.



David Carson, retrospective.
affiche, 1996,
Center for the Arts Theater

gérer les césures

Si l’on souhaite garder un gris typographique de qualité dans un texte justifié, la césure apparaît comme inévitable, de même que pour les mots trop longs d’un texte en alignement libre. Mais on ne coupe pas inopinément...

On coupe de préférence entre deux mots, avant les signes mathématiques dans les opérations, au milieu d’une date (si c’est absolument nécessaire), par syllabe, en tenant compte de la construction du mot (extra-ordinaire), ou entre deux consonnes, un prénom ou un nom composé...

On ne coupe pas sur plus de trois lignes consécutives, les abréviations de leur nom (M. Dupont), un nombre du mot auquel il rapporte (253 pages, Louis XVI), Les pourcentages, les ponctuations, les dates, l’abréviation «etc.» du mot qu’il précède, les sigles, les apostrophes, les mots de moins
de quatre lettres, la première lettre, les deux dernières lettres d’un mot...

soigner les détails

Une typographie réussie est le résultat du soin apporté au moindre détail, parfois par touches
infimes. Comme l’a écrit un de mes collègues, il est nécessaire pour cela de supporter d’être considéré comme un maniaque.



James Felici
Extrait du Manuel complet de Typographie,
Peachpit Press, 2002, 360 p.

silence

Partant du constat que notre espace visuel urbain est largement surchargé par la publicité et que le temps de regard du passant se fait donc de plus en plus rare, Malte Martin propose une approche très particulière et très habille de la campagne publicitaire.

Malte Maltin joue sur le regard périphérique plutôt que sur le regard frontal. Plutôt que de charger ou de faire une affiche qui attire le passant par sa couleur, une typo accrocheuse ou des images choc, il privilégie plutôt le noir et blanc, le silence et le contraste pour attirer l’oeil.

Après avoir été capté par les masses noires, le regard est guidé à travers les niveaux de lecture. Et au moment ou le passant se rend compte qu’il a regardé l’affiche, il s’est déjà perdu dans la partition.

Le travail de Malte Martin nous montre à quel point il est nécessaire en tant que graphiste de se positionner par rapport à la création contemporaine. Sa recherche a été largement conditionné par son environnement graphique et sa volonté de proposer autre chose, de jouer avec la pollution visuelle pour valoriser l’image du commanditaire plutôt que de participer au brouhaha graphique.



Malte Martin, Théâtre de l’Athénée.
Affiche, 2009,
Campagne d’affichage prévue dans le métro parisien du 7 au 20 octobre 2009.

utiliser une italique

En 1501, Aldo Manuce, un imprimeur vénitien, commande à Francesco Raibolini un caractère qui lui permettrait de réduire le volume de ses livres afin d’en facilité l’accès, notamment aux étudiants.
S’inspirant de l’écriture cursive, il invente une nouvelle graphie inclinée à droite qu’on opposera désormais au roman.

Cette idée d’économie d’espace se caractérise notamment dans une chasse généralement plus étroite et une approche plus large, pour faciliter la lecture.
L’inspiration cursive se retrouve aussi dans une « fantaisie typographique » : des empattements peuvent disparaitre, les accroches se ressèrent et les oeils peuvent se retrouver développés, de même que les fûs.C’est un carractère à part entière, attention donc de ne pas la confondre avec une oblique (version à l’inclinaison forcée numeriquement d’une romane).

Appelée dabord « vénicienne » en france, on préferera lui donner le nom de son pays d’origine. En Allemagne, on la nomme « kursiv » et en Italie «?cancellaresa?» (de « chancelerie », où elle y était utilisée massivement).

On l’utilise généralement pour faire ressortir un mot ou une phrase d’une composition majoritairement en roman. Elle s’applique aux citations en langue étrangère, aux citations de mot isolé, aux titres d’oeuvres, aux noms de bateaux, d’avions et de batiments, aux notes de musique,
aux autonymes et marque également l’emphase ou les didascalies au théâtre et peut concurencer le gras et les guillemets.

Inversement, si le texte est composé en italique, on utilisera du roman pour conserver la mise en valeur.

toujours aller à l'essentiel

La perfection est atteinte, non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer.


Antoine de Saint-Exupéry
Écrivain, poète et aviateur.

technique et création

Fanette Mellier propose une approche très particulière de la création graphique.

Lors de sa scolarité à l’ESAD Strasbourg, elle se découvre une passion pour la sérigraphie et l’image imprimée. Après son diplôme, elle continuera sa formation auprès de Pierre DiScuillo, graphiste, typographe et sérigraphe.

Son univers graphique a été certainement très fortement marqué par l’aspect technique de sa formation. Fanette Mellier s’interesse à l’objet imprimé, à l’encre, au livre, au décalage et aux traces, à l’affiche, au mélange des couleurs ou à la typographie.

Il y a indubitablement un rapport particulier dans son travail entre technicité et résultat graphique. Cette idée se retrouve particulièrement dans sa gestion de la couleur basée sur la quadrichromie de l’impression offset.

L’oeuvre de Fanette Mellier nous montre l’importance de l’apprentissage technique dans la création graphique et de son rôle à ne pas négliger dans la compréhension et l’élaboration de formes nouvelles.



Fanette Mellier, Specimen.
Journal, 2009,
Pôle Graphisme de Chaumont.

compagnon du devoir graphique

Le typographe ne doit pas se marier pendant son apprentissage. Ensuite, il doit faire
son Tour de France dans différentes imprimeries. Il a le droit de porter l’épée et il a la réputation d’être un coureur de jupons.



Aurel Ramat
Extrait du Ramat de la typographie,
Ed. Ramat, 2005, 224 p.

gérer un drapeau

L’alignement libre peut avoir de nombreux avantages. Plus dynamiques, les espaces blancs apportent un certain rythme à la composition et ainsi contribuent à la compréhension du texte.
Attention malgré tout à respecter quelques règles.

L’alternance des blancs et des gris doit être cohérente. Ainsi, un rythme ligne longue, ligne plus courte, peut apporter une certaine homogénéité, sans choquer l’oeil et le rythme de lecture.

Si les différences sont trop importantes, l’oeil ne saura où se poser lors du retour à la ligne et rendra plus confus la lecture et la compréhension du texte.

Les retours à la ligne doivent tenir compte de la syntaxe et du sens de la phrase pour ne pas couper une idée, rendant la compréhension et la lecture plus complexe.

L’interlettrage et l’intermot peuvent aussi être ajustés de manière à faciliter le réglage des lignes. Attention à l’espace vital des lettre pour ne pas créer de troubles dans la couleur du texte.

Enfin, il faut également considérer les gouttières entre deux colonnes lors du réglage du drapeau. Laisser trop d’espaces blancs à la fin de chaque ligne risque de casser la gouttière et la cohérence des colonnes.

incapacité à communiquer

Je surprends mes commanditaires en leur disant que je suis dans l’incapacité de transmettre leur message, que l’affiche n’a même pas le pouvoir de communiquer, qu’en fin de compte, elle peut tout juste faire du bien, comme un massage.


Michel Quarez
Peintre-affichiste.

hierarchie et domestication

La question de la hiérarchie de l’information est centrale dans la communication. Mais pour Pierre Bernard, cette hiérarchisation revient alors à «domestiquer la typographie au sens».
Si on refuse cette domestication en plaçant tout au même corps, sans hiérarchie, la typographie est libérée et nous apparait en tant que telle.

S’inspirant de l’architecture de la Rome antique qui «nous montre de la typographie, c’est à dire de l’écriture, c’est à dire de la pensée» (Pierre Bernard), l’Atelier de création graphique réalise pour le Centre Pompidou le programme de l’année.

Imprimé sur une bâche qui recouvrait alors le chantier, le programme présente une série d’évènement tous écrits dans un même corps. À l’échelle du bâtiment, l’analogie avec l’antiquité est flagrante. La typo reprend ses droits sur la hiérarchie, donnant paradoxalement plus de clarté à l’information.

Comme pour davantage marquer cette idée, les dates passées sont progressivement barrées de bandes de couleur,caractère par caractères, augmentant d’un coup les niveaux de lecture et brouillant ainsi l’information.



Atelier de création graphique - Pierre Bernard, Centre Pompidou.
Affiche, 1996,
Centre pompidou, imprimé sur une bache en façade.

lisibilité et interlignage



L’équilibre entre les lignes de texte et les interlignes joue un rôle essentiel dans la lisibilité. En effet, l’interlignage doit guider l’oeil vers la ligne suivante, sans que son parcours ne soit gêné par d’éventuelles ascendantes et descendantes.
L’interlignage doit donc être assez harmonieux pour apporter une certaine stabilité à la lecture, qui sera plus agréable.

Dans le cas d’un interlignage trop faible, l’oeil aura des difficultés à se poser sur une ligne en particulier. D’autres lignes que celle lue entreront dans le champ du lecteur.
De plus, un tel interlignage augmentera la densité du texte, le rendant plus noir. Les irrégularités d’espaces de la ligne (interlettrage et intermot) seront plus visibles, alourdissant d’autant plus le rythme de lecture.

A contrario, un interlignage trop élevé fera perdre de la substance au texte. Les lignes apparaîtront distinctement et le lien entre chaque phrase se fera moins évident.

Même si les logiciels de mise en page proposent un interlignage type, ce dernier est relatif au corps et ne prend pas en compte la graisse ou la hauteur d’x. Puisqu’il s’agit d’équilibre, l’interlignage doit être ajusté et équilibré par l’oeil, en fonction du contenu et de la couleur du texte.

manipulation du hasard

Je pense que l’accident – ce que j’appellerais la chance – en est un des aspect [de mon travail] les plus importants et les plus fertiles, parce que, si quelque chose marche pour moi, je sens que ce n’est rien que j’ai fait moi-même, mais quelque chose que le hasard a été à même de me donner.
Mais il est vrai que depuis un grand nombre d’années j’ai réfléchi sur le hasard et sur les possibilités d’utiliser ce que le hasard peut donner, et je ne sais jamais dans quelle mesure il s’agit d’un pur hasard et dans quelle mesure d’une manipulation du hasard.



Francis Bacon
Extrait des Entretiens avec Francis Bacon, de David Sylvester,
Skira, 2005, 206 p.

la lisibilité par le contraste

Pour Michel Quarez, l’affiche est avant tout un signal. Son travail nous invite à d’avantage considérer le contraste et son implication dans la lisibilité.

En effet, moins l’affiche proposera de niveaux de lecture, plus le contraste sera fort, plus le message sera lisible.



Michel Quarez, Bonjour voisin!
Affiche, 1994,
Saint-Denis et la colère – Ville de Saint-Denis.

justifier un texte

Pour régler un texte justifié, plusieurs éléments sont à prendre en compte. Il faut en premier lieu juger le gris typographique. En plissant les yeux, il est possible de voir apparaître les espaces entre les mots (et parfois entre les lettres). Si les espaces sont trop importants, on parle alors de lézardes.

Il est possible de régler les interlettrages et les espaces intermots pour améliorer la couleur de notre texte.

Les intermots peuvent être règlés entre 75% et 125% de leur valeur initiale alors que l’interlettrage sera difficilement réduit et supportera une faible augmentation pour garantire un respect de l’espace vital de la lettre.

déjouer la raison

La couleur est par excellence la partie de l’art qui détient le don magique. Alors que le sujet, la forme, la ligne s’adressent d’abord à la pensée, la couleur n’a aucun sens pour l’intelligence, mais elle a tous les pouvoirs sur la sensibilité.

Eugène Delacroix
Extrait du Journal de Delacroix,
Plon, 1996, 976 p.

oeil et hauteur d'x

Mrs Eaves est une réale réalisée par Zuzana Licko, cofondatrice d’Emigre, en hommage au baskerville.

L’une de ses particularités est de disposer d’une version «XL», qui propose une hauteur d’x supérieure à la version «simple», bien qu’elle soit au même corps.Les montantes et les descendantes y sont identiques, de même que la largeur des fûts. L’approche peut parfois varier.

Ces deux variantes de la Mrs Eaves permettent de mettre en avant le rôle et l’importance de l’oeil dans la lisibilité. En effet, une bonne hauteur d’x développe un oeil bien plus gros
(comme nous le montre l’analyse des contreformes) et assure une meilleure lisibilité, même en petit corps.

Cette tendance à grossir l’oeil d’un carractère en vue de facilité la lisibilité était très présente dans les typographies du 19e siècle. En effet, cette caractéristique s’avère particulièrement utile lorsque les moyens d’impression sont modestes.



Zuzana Licko, Mrs Eaves.
Typographie, 1996,
Emigre.

faire simple dans ses idées

Il n’est pas nécessaire que les idées soient complexes. La plus part des bonnes idées sont d’une simplicité enfantine. Si les bonnes idées se donnent pour simples, c’est qu’elles semblent inévitables.

Sol LeWitt
Plasticien affilié au mouvement minimaliste et à l’art conceptuel.

gestion du chaos

Kurt Shwitters est un plasticien, poète et graphiste allemand formé aux théories anarchistes allemande du début du 20e.

Influencé par les avant-gardes naissantes, il abandonne le fusain et la figuration pour se tourner vers le déchet et le collage. Il est possible de voir dans son travail une envie de faire naître l’harmonie au coeur même du chaos, incarné par les détritus de ses contemporains.
Malgré son amité avec Raoul Hausmann et Hans Arp, il est refusé du cercle dadaïste berlinois.

Il fonde alors le Merz, à la fois mouvement artistique et revue (qu’il partagera avec Théo van Doesburg et El Lissitsky sur 24 numéros entre 1923 et 1932).

Ce qui me frappe le plus chez Schwitters, c’est cette capacité à créer un ordre par le chaos. Malgré la disparité et l’abondance d’éléments, la composition tient, en partie grâce au hasard. La cohabitation entre éléments de communication et l’illisibilité, la perte d’information, est à la fois paradoxale et indispensable.

Sa recherche plastique lui a permis d’expérimenter de nouvelles formes qu’il a put ensuite appliquer dans les champs du graphisme et de la publicité.

Il créa d’ailleurs peu de temps après sa revue une agence de publicité : la Merz Werbezentrale,
Il réalisa notamment l’identité graphique de la ville de Hanovre et travailla pour des marques comme Pélikan, Hahn et Bahlsen.



Kurt Schwitters, Difficult.
Collage, 79,5x61cm, 1942.

lisibilité et rythme de lecture

La lecture utilise de nombreux processus cognitifs élémentaires pour sa mise en oeuvre. Son mécanisme résulte d’un apprentissage de certaines conventions qui rendent ce processus automatique, libérant l’attention pour facilité l’analyse sémantique.

Ainsi, le lecture élabore diverses stratégies de lecture pour optimiser le décodage, comme la traduction des syllabes en sons, une sorte de déduction sémantique et syntaxique.
L’alphabet latin permet également une décomposition et une reconnaissance rapide des mots grâce à l’analyse et la comparaison des montantes et des descendantes d’un caractère.

Pour facilité la lecture, il est donc primordial de garder à l’esprit le rythme de la phrase et du caractère. Un interlettrage régulier assure une cohérence du rythme de lecture.
Il faut aussi s’assurer que l’interlignage soit assez important pour ne pas que montantes et descendantes se touchent ou se perturbent, mais assez serré pour garder une cohésion dans la suite des lignes.

L’oeil du lecteur a également besoin de se fixer. Un texte justifié ou ferré à gauche sera donc préférable à un centré ou ferré à droite. De même, les caractères serifs créent visuellement une ligne sur laquelle glisse l’oeil.

À noter que les habitudes de lecture entrent également en ligne de compte. Bien que la tradition typographique française, anglaise et italienne privilégie les familles de caractère classique, la tradition allemande tendait davantage vers les fractures, et ce encore récemment.

la couleur des Sons



Cover de l'Album Reimagines Gershwin de Brian Wilson.




Cover de l'Album Novö Piano de Maxence Cyrin.




Les Touches de Piano de František Kupka

quand les panneaux d'affichages sont vides...



Vous avez sûrement déjà vu dans des panneaux ces deux affiches un peu étranges. Personnellement, je les trouve assez graphique. Le coté photographique, la texture réelle du papier, son volume... Ils me rappellent que, face à une image info-graphique trop lisse, rien est mieux qu'une image faite à la main.

ouverture de mon nouveau site

Pour cette rentrée 2010, je fais peau neuve. Un nouveau blog, un nouveau site, et des projets plein la tête.

Ce Blog à pour but de m'aider dans ma recherche en me permettant, entre autre de présenter mes références et tout ce qui m'enrichit.

Pour mon site internet, plutôt qu'une présentation verticale, j'ai préféré conserver une présentation horizontale, comme sur mon ancien site.

Bien que la coutume et la molette de votre souris privilégie la navigation verticale, changer d'axe m'a semblé plus pertinent quand au contenu présent sur mon site et mon souhait de me tourner davantage vers le print et le livre. De plus, les écrans larges et les terminaux mobiles nous invitent d'avantage à aller dans cette direction.



Il n'est malgré tout pas tout à fait terminé. Il persiste quelques petits bugs sur les versions 3.6 et 4.0 de Firefox (oui, firefox et non pas IE..) et je ne suis pas encore parfaitement sûre de la mise en page des images...