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Clément Sayous, étudient en 5e année à l'Institut d'Art Visuel d'Orléans.
J'effectue actuellement une année de stage pour me perfectionner et préparer mon diplôme.

Ce Blog à pour but de m'aider dans ma recherche en me permettant, entre autre de présenter mes références et tout ce qui m'enrichit.

_ www.clementsayous.fr

oublier la grille

La grille est l’élément de base qui régie l’élaboration et la construction de toute composition graphique, que ce soit une affiche, une mise en page ou une typo.

Mais cette grille peut avoir tendance à enfermer et limiter la création. David Carson, le célèbre surfeur designer américain, ne semble plus se soucier de ce petit détail.

Il mélange les typos dans un même mot, mélange les graisses et les corps, superpose les phrases jusqu’à l’illisibilité.

Mais de ce chaos nait une certaine harmonie.

Son approche de la mise en page se situe davantage dans un rapport plastique que technique.
En effet, il est possible de rapprocher son passé de surfeur et sa pratique du design, faite d’équilibre et de maîtrise des éléments.

David Carson surf sur une grille imaginaire, mélange les interlignages, de vagues de typographie
et de tensions. Il garde en permance le contrôle sur ces éléments déstructurées.

Il nous apprend, non pas à supprimer définitivement la grille, mais à parfois l’oublier pour laisser place à plus de spontanéité et créer des espaces sensibles, moins rigides.



David Carson, retrospective.
affiche, 1996,
Center for the Arts Theater

gérer les césures

Si l’on souhaite garder un gris typographique de qualité dans un texte justifié, la césure apparaît comme inévitable, de même que pour les mots trop longs d’un texte en alignement libre. Mais on ne coupe pas inopinément...

On coupe de préférence entre deux mots, avant les signes mathématiques dans les opérations, au milieu d’une date (si c’est absolument nécessaire), par syllabe, en tenant compte de la construction du mot (extra-ordinaire), ou entre deux consonnes, un prénom ou un nom composé...

On ne coupe pas sur plus de trois lignes consécutives, les abréviations de leur nom (M. Dupont), un nombre du mot auquel il rapporte (253 pages, Louis XVI), Les pourcentages, les ponctuations, les dates, l’abréviation «etc.» du mot qu’il précède, les sigles, les apostrophes, les mots de moins
de quatre lettres, la première lettre, les deux dernières lettres d’un mot...

soigner les détails

Une typographie réussie est le résultat du soin apporté au moindre détail, parfois par touches
infimes. Comme l’a écrit un de mes collègues, il est nécessaire pour cela de supporter d’être considéré comme un maniaque.



James Felici
Extrait du Manuel complet de Typographie,
Peachpit Press, 2002, 360 p.

silence

Partant du constat que notre espace visuel urbain est largement surchargé par la publicité et que le temps de regard du passant se fait donc de plus en plus rare, Malte Martin propose une approche très particulière et très habille de la campagne publicitaire.

Malte Maltin joue sur le regard périphérique plutôt que sur le regard frontal. Plutôt que de charger ou de faire une affiche qui attire le passant par sa couleur, une typo accrocheuse ou des images choc, il privilégie plutôt le noir et blanc, le silence et le contraste pour attirer l’oeil.

Après avoir été capté par les masses noires, le regard est guidé à travers les niveaux de lecture. Et au moment ou le passant se rend compte qu’il a regardé l’affiche, il s’est déjà perdu dans la partition.

Le travail de Malte Martin nous montre à quel point il est nécessaire en tant que graphiste de se positionner par rapport à la création contemporaine. Sa recherche a été largement conditionné par son environnement graphique et sa volonté de proposer autre chose, de jouer avec la pollution visuelle pour valoriser l’image du commanditaire plutôt que de participer au brouhaha graphique.



Malte Martin, Théâtre de l’Athénée.
Affiche, 2009,
Campagne d’affichage prévue dans le métro parisien du 7 au 20 octobre 2009.

utiliser une italique

En 1501, Aldo Manuce, un imprimeur vénitien, commande à Francesco Raibolini un caractère qui lui permettrait de réduire le volume de ses livres afin d’en facilité l’accès, notamment aux étudiants.
S’inspirant de l’écriture cursive, il invente une nouvelle graphie inclinée à droite qu’on opposera désormais au roman.

Cette idée d’économie d’espace se caractérise notamment dans une chasse généralement plus étroite et une approche plus large, pour faciliter la lecture.
L’inspiration cursive se retrouve aussi dans une « fantaisie typographique » : des empattements peuvent disparaitre, les accroches se ressèrent et les oeils peuvent se retrouver développés, de même que les fûs.C’est un carractère à part entière, attention donc de ne pas la confondre avec une oblique (version à l’inclinaison forcée numeriquement d’une romane).

Appelée dabord « vénicienne » en france, on préferera lui donner le nom de son pays d’origine. En Allemagne, on la nomme « kursiv » et en Italie «?cancellaresa?» (de « chancelerie », où elle y était utilisée massivement).

On l’utilise généralement pour faire ressortir un mot ou une phrase d’une composition majoritairement en roman. Elle s’applique aux citations en langue étrangère, aux citations de mot isolé, aux titres d’oeuvres, aux noms de bateaux, d’avions et de batiments, aux notes de musique,
aux autonymes et marque également l’emphase ou les didascalies au théâtre et peut concurencer le gras et les guillemets.

Inversement, si le texte est composé en italique, on utilisera du roman pour conserver la mise en valeur.

toujours aller à l'essentiel

La perfection est atteinte, non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer.


Antoine de Saint-Exupéry
Écrivain, poète et aviateur.

technique et création

Fanette Mellier propose une approche très particulière de la création graphique.

Lors de sa scolarité à l’ESAD Strasbourg, elle se découvre une passion pour la sérigraphie et l’image imprimée. Après son diplôme, elle continuera sa formation auprès de Pierre DiScuillo, graphiste, typographe et sérigraphe.

Son univers graphique a été certainement très fortement marqué par l’aspect technique de sa formation. Fanette Mellier s’interesse à l’objet imprimé, à l’encre, au livre, au décalage et aux traces, à l’affiche, au mélange des couleurs ou à la typographie.

Il y a indubitablement un rapport particulier dans son travail entre technicité et résultat graphique. Cette idée se retrouve particulièrement dans sa gestion de la couleur basée sur la quadrichromie de l’impression offset.

L’oeuvre de Fanette Mellier nous montre l’importance de l’apprentissage technique dans la création graphique et de son rôle à ne pas négliger dans la compréhension et l’élaboration de formes nouvelles.



Fanette Mellier, Specimen.
Journal, 2009,
Pôle Graphisme de Chaumont.

compagnon du devoir graphique

Le typographe ne doit pas se marier pendant son apprentissage. Ensuite, il doit faire
son Tour de France dans différentes imprimeries. Il a le droit de porter l’épée et il a la réputation d’être un coureur de jupons.



Aurel Ramat
Extrait du Ramat de la typographie,
Ed. Ramat, 2005, 224 p.

gérer un drapeau

L’alignement libre peut avoir de nombreux avantages. Plus dynamiques, les espaces blancs apportent un certain rythme à la composition et ainsi contribuent à la compréhension du texte.
Attention malgré tout à respecter quelques règles.

L’alternance des blancs et des gris doit être cohérente. Ainsi, un rythme ligne longue, ligne plus courte, peut apporter une certaine homogénéité, sans choquer l’oeil et le rythme de lecture.

Si les différences sont trop importantes, l’oeil ne saura où se poser lors du retour à la ligne et rendra plus confus la lecture et la compréhension du texte.

Les retours à la ligne doivent tenir compte de la syntaxe et du sens de la phrase pour ne pas couper une idée, rendant la compréhension et la lecture plus complexe.

L’interlettrage et l’intermot peuvent aussi être ajustés de manière à faciliter le réglage des lignes. Attention à l’espace vital des lettre pour ne pas créer de troubles dans la couleur du texte.

Enfin, il faut également considérer les gouttières entre deux colonnes lors du réglage du drapeau. Laisser trop d’espaces blancs à la fin de chaque ligne risque de casser la gouttière et la cohérence des colonnes.

incapacité à communiquer

Je surprends mes commanditaires en leur disant que je suis dans l’incapacité de transmettre leur message, que l’affiche n’a même pas le pouvoir de communiquer, qu’en fin de compte, elle peut tout juste faire du bien, comme un massage.


Michel Quarez
Peintre-affichiste.

hierarchie et domestication

La question de la hiérarchie de l’information est centrale dans la communication. Mais pour Pierre Bernard, cette hiérarchisation revient alors à «domestiquer la typographie au sens».
Si on refuse cette domestication en plaçant tout au même corps, sans hiérarchie, la typographie est libérée et nous apparait en tant que telle.

S’inspirant de l’architecture de la Rome antique qui «nous montre de la typographie, c’est à dire de l’écriture, c’est à dire de la pensée» (Pierre Bernard), l’Atelier de création graphique réalise pour le Centre Pompidou le programme de l’année.

Imprimé sur une bâche qui recouvrait alors le chantier, le programme présente une série d’évènement tous écrits dans un même corps. À l’échelle du bâtiment, l’analogie avec l’antiquité est flagrante. La typo reprend ses droits sur la hiérarchie, donnant paradoxalement plus de clarté à l’information.

Comme pour davantage marquer cette idée, les dates passées sont progressivement barrées de bandes de couleur,caractère par caractères, augmentant d’un coup les niveaux de lecture et brouillant ainsi l’information.



Atelier de création graphique - Pierre Bernard, Centre Pompidou.
Affiche, 1996,
Centre pompidou, imprimé sur une bache en façade.

lisibilité et interlignage



L’équilibre entre les lignes de texte et les interlignes joue un rôle essentiel dans la lisibilité. En effet, l’interlignage doit guider l’oeil vers la ligne suivante, sans que son parcours ne soit gêné par d’éventuelles ascendantes et descendantes.
L’interlignage doit donc être assez harmonieux pour apporter une certaine stabilité à la lecture, qui sera plus agréable.

Dans le cas d’un interlignage trop faible, l’oeil aura des difficultés à se poser sur une ligne en particulier. D’autres lignes que celle lue entreront dans le champ du lecteur.
De plus, un tel interlignage augmentera la densité du texte, le rendant plus noir. Les irrégularités d’espaces de la ligne (interlettrage et intermot) seront plus visibles, alourdissant d’autant plus le rythme de lecture.

A contrario, un interlignage trop élevé fera perdre de la substance au texte. Les lignes apparaîtront distinctement et le lien entre chaque phrase se fera moins évident.

Même si les logiciels de mise en page proposent un interlignage type, ce dernier est relatif au corps et ne prend pas en compte la graisse ou la hauteur d’x. Puisqu’il s’agit d’équilibre, l’interlignage doit être ajusté et équilibré par l’oeil, en fonction du contenu et de la couleur du texte.

manipulation du hasard

Je pense que l’accident – ce que j’appellerais la chance – en est un des aspect [de mon travail] les plus importants et les plus fertiles, parce que, si quelque chose marche pour moi, je sens que ce n’est rien que j’ai fait moi-même, mais quelque chose que le hasard a été à même de me donner.
Mais il est vrai que depuis un grand nombre d’années j’ai réfléchi sur le hasard et sur les possibilités d’utiliser ce que le hasard peut donner, et je ne sais jamais dans quelle mesure il s’agit d’un pur hasard et dans quelle mesure d’une manipulation du hasard.



Francis Bacon
Extrait des Entretiens avec Francis Bacon, de David Sylvester,
Skira, 2005, 206 p.

la lisibilité par le contraste

Pour Michel Quarez, l’affiche est avant tout un signal. Son travail nous invite à d’avantage considérer le contraste et son implication dans la lisibilité.

En effet, moins l’affiche proposera de niveaux de lecture, plus le contraste sera fort, plus le message sera lisible.



Michel Quarez, Bonjour voisin!
Affiche, 1994,
Saint-Denis et la colère – Ville de Saint-Denis.

justifier un texte

Pour régler un texte justifié, plusieurs éléments sont à prendre en compte. Il faut en premier lieu juger le gris typographique. En plissant les yeux, il est possible de voir apparaître les espaces entre les mots (et parfois entre les lettres). Si les espaces sont trop importants, on parle alors de lézardes.

Il est possible de régler les interlettrages et les espaces intermots pour améliorer la couleur de notre texte.

Les intermots peuvent être règlés entre 75% et 125% de leur valeur initiale alors que l’interlettrage sera difficilement réduit et supportera une faible augmentation pour garantire un respect de l’espace vital de la lettre.

déjouer la raison

La couleur est par excellence la partie de l’art qui détient le don magique. Alors que le sujet, la forme, la ligne s’adressent d’abord à la pensée, la couleur n’a aucun sens pour l’intelligence, mais elle a tous les pouvoirs sur la sensibilité.

Eugène Delacroix
Extrait du Journal de Delacroix,
Plon, 1996, 976 p.

oeil et hauteur d'x

Mrs Eaves est une réale réalisée par Zuzana Licko, cofondatrice d’Emigre, en hommage au baskerville.

L’une de ses particularités est de disposer d’une version «XL», qui propose une hauteur d’x supérieure à la version «simple», bien qu’elle soit au même corps.Les montantes et les descendantes y sont identiques, de même que la largeur des fûts. L’approche peut parfois varier.

Ces deux variantes de la Mrs Eaves permettent de mettre en avant le rôle et l’importance de l’oeil dans la lisibilité. En effet, une bonne hauteur d’x développe un oeil bien plus gros
(comme nous le montre l’analyse des contreformes) et assure une meilleure lisibilité, même en petit corps.

Cette tendance à grossir l’oeil d’un carractère en vue de facilité la lisibilité était très présente dans les typographies du 19e siècle. En effet, cette caractéristique s’avère particulièrement utile lorsque les moyens d’impression sont modestes.



Zuzana Licko, Mrs Eaves.
Typographie, 1996,
Emigre.

faire simple dans ses idées

Il n’est pas nécessaire que les idées soient complexes. La plus part des bonnes idées sont d’une simplicité enfantine. Si les bonnes idées se donnent pour simples, c’est qu’elles semblent inévitables.

Sol LeWitt
Plasticien affilié au mouvement minimaliste et à l’art conceptuel.

gestion du chaos

Kurt Shwitters est un plasticien, poète et graphiste allemand formé aux théories anarchistes allemande du début du 20e.

Influencé par les avant-gardes naissantes, il abandonne le fusain et la figuration pour se tourner vers le déchet et le collage. Il est possible de voir dans son travail une envie de faire naître l’harmonie au coeur même du chaos, incarné par les détritus de ses contemporains.
Malgré son amité avec Raoul Hausmann et Hans Arp, il est refusé du cercle dadaïste berlinois.

Il fonde alors le Merz, à la fois mouvement artistique et revue (qu’il partagera avec Théo van Doesburg et El Lissitsky sur 24 numéros entre 1923 et 1932).

Ce qui me frappe le plus chez Schwitters, c’est cette capacité à créer un ordre par le chaos. Malgré la disparité et l’abondance d’éléments, la composition tient, en partie grâce au hasard. La cohabitation entre éléments de communication et l’illisibilité, la perte d’information, est à la fois paradoxale et indispensable.

Sa recherche plastique lui a permis d’expérimenter de nouvelles formes qu’il a put ensuite appliquer dans les champs du graphisme et de la publicité.

Il créa d’ailleurs peu de temps après sa revue une agence de publicité : la Merz Werbezentrale,
Il réalisa notamment l’identité graphique de la ville de Hanovre et travailla pour des marques comme Pélikan, Hahn et Bahlsen.



Kurt Schwitters, Difficult.
Collage, 79,5x61cm, 1942.

lisibilité et rythme de lecture

La lecture utilise de nombreux processus cognitifs élémentaires pour sa mise en oeuvre. Son mécanisme résulte d’un apprentissage de certaines conventions qui rendent ce processus automatique, libérant l’attention pour facilité l’analyse sémantique.

Ainsi, le lecture élabore diverses stratégies de lecture pour optimiser le décodage, comme la traduction des syllabes en sons, une sorte de déduction sémantique et syntaxique.
L’alphabet latin permet également une décomposition et une reconnaissance rapide des mots grâce à l’analyse et la comparaison des montantes et des descendantes d’un caractère.

Pour facilité la lecture, il est donc primordial de garder à l’esprit le rythme de la phrase et du caractère. Un interlettrage régulier assure une cohérence du rythme de lecture.
Il faut aussi s’assurer que l’interlignage soit assez important pour ne pas que montantes et descendantes se touchent ou se perturbent, mais assez serré pour garder une cohésion dans la suite des lignes.

L’oeil du lecteur a également besoin de se fixer. Un texte justifié ou ferré à gauche sera donc préférable à un centré ou ferré à droite. De même, les caractères serifs créent visuellement une ligne sur laquelle glisse l’oeil.

À noter que les habitudes de lecture entrent également en ligne de compte. Bien que la tradition typographique française, anglaise et italienne privilégie les familles de caractère classique, la tradition allemande tendait davantage vers les fractures, et ce encore récemment.